1784 : le marquis de Puységur, colonel d'artillerie et grand seigneur, occupe son loisir à soulager ses gens en les magnétisant selon les principes de la doctrine mesmérienne, plongeant même un jeune homme dans un état de somnambulisme magnétique, ou artificiel. L'enquête de B. Méheust se propose de faire la chronique et l'analyse de ce choc dans la culture, en racontant le conflit impitoyable qui a opposé, de Puységur à Charcot, le monde savant aux partisans du magnétisme animal.Avril 1784 : Armand Marie Jacques de Chastenet, marquis de Puységur, colonel d'artillerie et grand seigneur terrien, occupe son loisir à soulager ses gens en les magnétisant selon les principes de la doctrine mesmérienne. C'est alors que, tout à fait inopinément, il plonge un jeune paysan dans un état de conscience inconnu. La personnalité du patient se modifie : un autre moi surgit, qui semble surplomber sa conscience vigile ; mais il y a plus : le jeune homme prévoit à l'avance le déroulement de sa maladie, en fixe les étapes et semble capable de lire les pensées de son maître. Stupéfait, le marquis constate, en multipliant les expérience sur d'autres patients, que l'on peut assez régulièrement reproduire l'étrange état. Par analogie avec le somnambulisme naturel, connu depuis l'antiquité, il baptise cet état le somnambulisme magnétique, ou artificiel. L'année suivante, il publie ses observations, dans un mémoire qui fait l'effet d'une bombe. Les somnambules magnétiques se répandent dans tout le royaume, et une vaste polémique se lève, qui va traverser tout le XIXe siècle et toucher la haute culture. L'enquête de Bertrand Méheust se propose de faire la chronique et l'analyse de ce choc dans la culture, en prenant pour fil conducteur le conflit impitoyable qui a opposé, de Puységur à Charcot, le monde savant aux partisans du magnétisme animal. Dans ce premier tome, l'auteur commence par décrire les faits revendiqués par les magnétiseurs, et par restituer leurs conceptions oubliées : puis il observe la montée en puissance du magnétisme dans la première moitié du XIXe siècle, et repère les dispositifs mis en place par l'institution scientifique pour parer à cette menace. À ces fins, il suit dans le détail le déroulement des batailles académiques, entre 1826 et 1842, jusqu'à l'éviction officielle du magnétisme par l'Académie de médecine. Enfin, en étudiant la phase de réappropriation ouverte par Charcot en 1878, il montre comment la menace magnétique a été récupérée, filtrée, recalibrée.
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